Témoignage de Claude Santandreu Recueilli par F Romero

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Témoignage recueilli auprès de Claude SANTANDREU, fils de Luis SANTANDREU.

« Mon père, natif de Barcelone, était soutient de famille. De 23 à 26 ans il fut combattant volontaire pour défendre la République. Il était lieutenant.
En 1937, il participa à la bataille de Madrid, il fut grièvement blessé puis il retourna au front de la bataille de l’Ebre. Lors de la Retirada, il fut interné au camp d’Argelès. Il est remonté dans l’Yonne en 1939 où il dut travailler au camp de Varennes. Après le débarquement, en 44 les Américains l’ont pris avec eux à Villiers Vineux et il les a suivis en Alsace pendant trois mois. Puis revenu à Villiers Vineux il y est resté.

Il est décédé le 27 janvier 1999. »
Tout ce que Claude raconte de son père est transcrit sur le document suivant :
Hommage rendu à Luis SANTANDREU le jour de ses obsèques.

« Dans les tempêtes qui ont secoué ce siècle, notamment marqué par les deux guerres mondiales, des familles ont connu une existence difficile. Celle de « Louison », de Luis SANTANDREU est précisément née de ces tourmentes.
S’engager pour faire l’histoire, c’est ce qu’ont fait les hommes les plus courageux. Louison fut de ceux-là, au départ de la guerre d’Espagne, dont nous savons qu’elle fut le champ d’expérience du second conflit mondial.

Louison, tempérament impulsif, s’engage volontairement en 1936, lorsque la République Espagnole, légalement élue, subit en juillet le soulèvement dirigé par le général Franco. .. Il rejoint l’armée Républicaine, sans prévenir sa mère. En octobre il se bat sur le front de Madrid.
Une blessure grave le stoppe en 1937, dans la province de Huesca. Rétabli, en 1938 participe aux combats dans les montagnes de l’Ebre.
Face à l’agression franquiste, militairement soutenue par Hitler et Mussolini, la cause républicaine, désespérée est trahie par la non intervention des démocraties qui paieront vite et cher leur renoncement. Barcelone et Madrid tombent, la guerre s’arrête .

Louison , 26 ans, fait partie de ce lot de militaires, dans la RETIRADA, qui les amène à traverser les Pyrénées. La France les canalise dans des camps d’internement. Louison séjourne dans ceux de Barcares et Argelès, où il vit comme d’autres le dénuement, les privations, les humiliations.
Aux mauvais soins s’ajoute le travail obligatoire. Il fait partie d’un groupe envoyé dans l’Yonne en septembre 1939, pour participer au chargement des munitions au camp de Varennes. Avec ses compagnons ils sont parqués dans une ferme, la ferme Chaudron, en plein bois de Varennes.

C’est là que se rejoindront, au moment de l’arrivée des troupes allemandes, en juin 1940, les destinées de Louison et Ginette, qui travaillent dans ce même camp de Varennes.

La menace allemande est lourde de haine pour ces réfugiés espagnols qu’ils ont contribué à jeter hors de leur patrie : des Républicains Espagnols déchirent leurs papiers d’identité.

Le 3 juillet 1941 il épouse Ginette.
Dans la misère de l’occupation étrangère, de la collaboration vichyste, il n’est pas facile d’être femme d’immigré espagnol, et pour cet ancien combattant républicain, de trouver sa place dans la société française. Louison travaille comme manœuvre dans le bâtiment et sur les voies ferrées. Pierre et Rosita viennent au monde.

Quand en août 1944 arrivent les chars américains libérateurs, Luis SANTANDREU, qui n’a rien perdu de son tempérament impulsif, saute sur un char : avec d’autres Résistants, le voilà parti pour trois mois aux côtés des Américains.

De retour en décembre 1944, retrouvant les siens en situation financière ingrate, il se remet à l’ouvrage. Devenu contremaître, licencié pour fait de grève, puis retrouvant du travail, il gardera son emploi jusqu’à sa retraite. En 1951 ils ont un troisième enfant, Claude.

Luis SANTANDREU a su garder sa dignité, sa liberté, ses convictions, dans les tempêtes d’un monde difficile ».